Apprendre des sens aiguisés de la Nature

Apprendre des sens aiguisés de la Nature

Tout le monde du vivant, dans la Nature, est en contact permanent avec son environnement d’une manière soutenue, en premier lieu par ses sens. Qu’il s’agisse des plantes ou des animaux, leur pouvoir perceptif est très fort. Beaucoup d’espèces ont développé un ou plusieurs de leurs sens d’une façon aiguisée, pour répondre notamment aux contraintes de leur environnement.

Avoir leurs sens en éveil constant est une règle dans le monde animal et végétal. Être présent tout le temps pour tout capter et s’adapter.

Et je vous propose de nous laisser surprendre et émerveiller par ces sens prodigieux. L’idée sous-jacente est de commencer à nous laisser toucher par la Nature dans laquelle nous vivons.

Petit tour d’horizon !

 

La vision, un sens acéré

Pour ce qui nous concerne, nous percevons la lumière uniquement dans les longueurs d’ondes comprises entre 400 et 800 nanomètres, c’est-à-dire dans le spectre de la lumière visible.

Les animaux à sang-froid sont dotés d’une vision infrarouge, vision qui n’est pas accessible aux animaux à sang chaud du fait de la chaleur qu’ils dégagent. Nombre de reptiles mais aussi de poissons comme les saumons se servent de cette vision infrarouge et même les moustiques ! Elle leur sert à se déplacer ou à localiser leurs proies.

Les insectes et les oiseaux ont développé la perception des couleurs la plus large, ils voient notamment les ultraviolets et au-delà. Ainsi, cette vision permet aux abeilles et aux colibris de trouver plus facilement le nectar.

Les plantes ne sont pas en reste car elles sont capables de distinguer à la fois les rayons ultraviolets et les rayons infrarouges. Elles utilisent la lumière bleue pour connaître la direction dans laquelle elles doivent s’orienter. Elles utilisent la lumière rouge pour mesure la longueur de la nuit.

 

L’ouïe plus fine 

Notre oreille est capable de percevoir les ondes sonores, mesurées en hertz (hz) allant de 20 hz à 20 000 hz. En dessous de cette bande sonore, il y a les infrasons et au-dessus les ultrasons.

Les éléphants par exemple produisent des infrasons avec leurs cordes vocales. Ils peuvent ainsi se rejoindre, même à grande distance en émettant des ondes infrasonores qui contournent les obstacles et portent à des kilomètres.

Les cétacés également émettent en infrasons qui peuvent être entendus par d’autres individus à des centaines de kilomètres. Leur très large bande de fréquence va de 10 hz à 150 000 hz et ils utilisent donc aussi les ultrasons, dans ce que l’on appelle l’écholocalisation.

les cétacés émettent des infrasons entendus par d'autres individus à des centaines de kilomètres
Les dauphins émettent des infrasons entendus par d’autres individus à des centaines de kilomètres

Les chauves-souris utilisent aussi l’écholocalisation. Elles émettent un flot de couinements haute fréquence de 100 000 hz et plus.  Elles détectent ensuite les échos qui leur reviennent pour se faire une image du monde. Quand j’ai appris cela, j’ai été stupéfaite car à la belle saison, j’assiste au vol rapide et silencieux des pipistrelles (petites chauve-souris) dans mon jardin et je ne parviens pas à imaginer qu’en fait elles ne cessent de couiner pour éviter les obstacles, trouver leur nourriture…merveilles de la Nature !

Et les plantes dans tout ça ? Et bien elles aussi sont en mesure de distinguer des sons inaudibles à l’oreille humaine, notamment au niveau racinaire. Les travaux du physicien Joël Sternheimer ont permis de mettre cela en évidence, avec ce qu’il a nommé les  « protéodies »

 

L’odorat plus vif

Notre sens olfactif est bien développé et jusqu’à il y a quelques années  il était considéré comme équivalent à celui des chiens. Des travaux plus récents ont cependant montré la supériorité canine, plus particulièrement avec les chiens renifleurs capables de détecter certains cancers.

C’est aujourd’hui l’éléphant qui a le nez le plus sensible du monde, des études l’ont placé devant le rat qui avec environ 1 200 gènes olfactifs était réputé avoir le nez le plus performant. « Si le vent souffle dans la bonne direction, les éléphants peuvent sentir le parfum de l’homme… à plus d’un kilomètre de distance ou détecter et trouver l’emplacement exact d’un petit régime de bananes à plus de 50 mètres d’eux » nous dit Joyce Poole, co-fondatrice du Groupe de conservation ElephantVoices.

Là encore, les plantes ne sont pas en reste en termes d’odorat – au sens de « capacité à percevoir une odeur ou une fragrance par des stimuli » -. Elles utilisent des molécules dites « composés organiques volatils » (COV) grâce auxquelles elles reçoivent des données sur leur environnement et communiquent entre elles et avec les insectes.

 

Le goût accru

Nous pouvons nous enorgueillir de posséder pas moins de 10 000 papilles gustatives qui nous permettent d’avoir un sens du goût particulièrement développé. Nous sommes cependant supplantés par des animaux tels que la vache ou le cochon.

Dans la Nature, c’est le poisson-chat que détient le record du goût car son corps est recouvert de pas moins de 250 000 papilles gustatives. Le poulpe quant à lui se sert des ventouses de ses tentacules qui lui permettent de goûter ce qu’il touche, grâce à des récepteurs chimiotactiles. Il détient là une capacité unique qui est à l’origine de sa stratégie de prédation.

le poulpe se sert des ventouses de ses tentacules pour goûter ce qu'il touche, grâce à des récepteurs chimiotactiles
Le poulpe se sert des ventouses de ses tentacules pour goûter ce qu’il touche

Chez les plantes, le goût est lié au sens de l’odorat. Ce sont les racines qui ont une sensibilité gustative bien supérieure à celle de n’importe quel animal. Elles sont capables de reconnaître des quantités infinitésimales de sels minéraux dans plusieurs mètres cubes de terre et de les rejoindre avec une extrême précision.

 

Le toucher, un sens stimulé

Chez l’homme, le toucher est le sens qui est le plus développé dès la naissance et il est essentiel à notre santé.

Dans le monde animal, le sens du toucher est extrêmement développé chez la pieuvre (poulpe) et comme nous l’avons vu, associé au goût. Le crocodile est un des animaux dont le sens du toucher est le plus aiguisé d’où sa prédation performante.

Les plantes sont jusqu’à 10 fois plus sensibles au contact que nous. Par exemple, le concombre anguleux (plante ornementale grimpante) est capable de sentir un filament pesant à peine 0,25 g – ce qui suffit à le conduire à s’enrouler autour d’un objet proche – alors que nous sommes incapables de sentir un fil sur nos doigts s’il pèse moins de 2 grammes.

 

Des sens que seuls les animaux possèdent

Il s’agit de l’électroception ou électroréception (la capacité à percevoir les champs électriques) et de la magnétoception ou magnétoréception (la capacité à percevoir les champs magnétiques).

 

La magnétoréception

Ce sens indique qu’il existe des interactions entre le champ magnétique et les êtres vivants.

Certains animaux utilisent le champ magnétique pour interagir avec leur environnement. Cette sensibilité est particulièrement accrue chez les papillons, les cerfs, les tortues de mer ou les vaches. On cite même le cas du renard roux qui est ainsi capable de détecter les rongeurs dissimulés sous cinq mètres de neige !

Ce sens qui est l’aptitude de sentir le champ magnétique terrestre et de s’orienter grâce à lui est bien connue chez les oiseaux migrateurs.

 

L’électroréception

Lorsqu’ils se trouvent dans des eaux sombres, certains animaux aquatiques développent des champs électriques en utilisant leurs nerfs et leurs muscles pour repérer leurs proies. C’est le cas des dauphins, des requins et des raies. Des espèces terrestres ont ce sens aiguisé comme les cafards, les abeilles et les ornithorynques.

L’ornithorynque, une créature étrange, a l’incroyable particularité de posséder 40 000 récepteurs électriques dans son bec. Il peut alors localiser ses proies avec une extrême précision.

Même les araignées tissent des toiles chargées d’électricité. Elles propagent de l’électricité statique sur la surface de leur toile, moyen infaillible pour attirer les insectes et les piéger.

 

Eveiller nos sens au contact de la Nature

Les sens sont les principaux capteurs d’informations que le monde du vivant utilise.

Les animaux et les végétaux l’ont bien compris et les ont rendus toujours plus performants. Et ils continuent à les amplifier pour faire face aux changements qui se manifestent.

Nous humains, nous n’avons pas développé nos sens d’une manière aussi prodigieuse. Seuls les peuples qui vivent encore immergés dans la Nature ont des sens aiguisés. En effet, ils se perçoivent comme faisant partie intégrante de la Nature.

Dans notre société moderne, nous interagissons peu avec la Nature. Et pourtant nous avons tant à apprendre de la Nature pour prendre conscience de nos propres potentiels qui sont immenses.

Etre vraiment présent à la Nature est un moyen d’éveiller nos sens pour capter pleinement les informations du monde qui nous entoure et en tirer parti.

 

Vous faites l’expérience de vos sens stimulés dans la Nature ? Partagez la !

 

 

 

Laisser un commentaire