
Notre cerveau droit, un allié précieux pour coopérer
Si nous voulons créer et vivre une relation véritable de coopération avec la terre et la Nature, nous devons prendre en compte notre mode de pensée et notre ouverture d’esprit. Dans une situation nouvelle, sommes-nous plutôt enclins à nous conformer à l’opinion générale ? Préférons nous prendre du recul et nous laisser guider par notre ressenti face aux informations reçues ? Sommes-nous le plus souvent plongés dans nos préoccupations ou sommes-nous facilement dans l’instant présent ?
Cela nous amène à nous intéresser au mode de fonctionnement des deux hémisphères de notre cerveau en matière de pensée. Nous pourrons ainsi considérer l’alternative qui s’offre à nous entre deux manières de penser, souvent représentée par les termes « cerveau gauche » et « cerveau droit ».
Notre vision du monde va alors changer et nous permettre de collaborer pleinement avec la terre et la Nature.
Notre mode de pensée : « cerveau gauche » et « cerveau droit »
Pas de panique ! Nous sommes bien d’accord que nous n’avons pas deux cerveaux mais un seul constitué de deux hémisphères. « Cerveau gauche » et « cerveau droit » est une métaphore, née de la découverte de leur manière particulière de traiter les données en provenance de nos sens.
Bien sûr les deux moitiés de notre cerveau se complètent en nous donnant une perception permanente du monde. Nous n’avons d’ailleurs, en général, pas conscience que nous passons sans cesse d’un hémisphère à l’autre dans notre manière de penser.
Cependant, une connaissance plus approfondie du mode de pensée de chaque hémisphère va nous rendre plus à même de définir notre comportement en tant qu’individus mais surtout « en tant que membres de l’immense famille humaine ».(1)
Cerveau gauche, pensée logique et linéaire
Notre cerveau gauche a des capacités de traitement de l’information incroyablement puissantes et ce à une vitesse remarquable. Son mode d’expression est le langage verbal et il est le siège de la raison et de la rationalité. Il est en prise directe avec l’écoulement du temps.
Il est en mesure de décrire, analyser et cataloguer absolument tout. Il ne cesse de faire toutes sortes de calculs, de formuler des théories et d’accumuler des informations. Il est organisé et classe avec méthode chaque raisonnement dans des cases où il viendra piocher dès qu’il en aura besoin. Ainsi, il ne revient que très rarement sur ce qui a été intégré. Il se conforme sans difficulté aux règles de la vie en société.
C’est un perfectionniste : « Chaque chose a sa place, et donc, chaque chose à sa place ! »
Plein d’entrain, il s’apprécie en fonction du nombre de tâches barrées sur notre liste quotidienne de choses à faire.
Il adore échafauder toutes sortes de scénarios, envisageant tous les « si » et tous les « mais » en traitement d’une situation, surtout si celle-ci nous touche. Il ne manquera pas de nous « raconter des histoires » à partir d’un évènement, la plupart du temps, de manière dramatique et pessimiste. C’est ainsi que nous vivons avec une « petite voix » persistante qui commente tout ce qui présente, avec une propension à ressasser le passé, à un verbiage permanent.
Il nous entraîne ainsi à être continuellement soit dans le passé, soit dans le futur. Nous pouvons faire quantité de choses « en étant ailleurs », dans des automatismes. C’est notre cerveau gauche qui nous fait aimer ce qui est connu, nous sentir bien dans nos habitudes. Cela nous conduit à une pensée rigide et une certaine étroitesse d’esprit.
Notre hémisphère gauche ne cesse de se comparer, de juger et de critiquer en établissant ce qui est bien ou ce qui est mal. Il excelle dans l’autocritique et le dénigrement de nous-même.
Les études montrent que nous avons entre 50 000 et 70 000 pensées par jour, ce qui revient à une pensée par seconde avec 70 à 80 % d’entre elles qui sont négatives.
C’est par notre cerveau gauche que nous nous voyons séparés, celui-ci nous incitant à l’individualisme.
Mais c’est aussi grâce à notre hémisphère gauche du cerveau que nous établissons une communication avec l’extérieur.

Cerveau droit : pensée intuitive et en arborescence
Nous pourrions dire que la manière de penser de notre cerveau droit est un bon complément à notre cerveau gauche dont l’efficience n’est plus à démontrer mais qui nous offre une vision assez réductive du monde qui nous entoure.
Certes, les personnes qui sont trop dans un mode de pensée cerveau droit, « se coupent du réel en passant leur temps « la tête dans les nuages » »(1). Il s’agit là bien sûr de cas extrêmes.
Donc, le cerveau droit a pour fonction de nous ouvrir de nouveaux horizons car c’est là que siège notre ouverture d’esprit, le goût pour le nouveau et l’inconnu. Il s’adapte en cela facilement au changement, il fait preuve de flexibilité. Il est épris de liberté et envisage volontiers tous les possibles.
Il témoigne d’une créativité formidable. Il sait qu’il faut d’abord passer par le chaos avant d’entrer dans un processus d’invention. Il pense par juxtaposition d’images.
Il a une vision globale des choses et il évolue en arborescence. Il se montre attentif à nos ressentis corporels et sensoriels ce qui se traduit par ce que nous appelons l’instinct.
En prise directe avec ce qui se passe, il est dans l’instant présent et se montre résolument optimiste. En cela, il prend les choses comme elles viennent sans juger en termes de bien ni de mal. Pour lui, tout est relatif.
Son apanage c’est l’intuition et il perçoit ce qui est au-delà des apparences – les non-dits, les mensonges… -. Son mode de langage est non verbal et s’exprime par des gestes, des postures, des mouvements du corps, des émotions… Il se met à l’écoute de l’autre avec compassion et empathie.
« Alors que notre cerveau droit s’attache aux valeurs humaines, le gauche se souciera plutôt d’économie ou de finances ».(1)
C’est dans notre hémisphère droit que se situent notre tendance au mysticisme, notre sagesse, notre aptitude à la méditation car résident en lui le calme et la détente.
Cela fait de lui un très bon candidat pour entrer dans une communication profonde avec la Nature. Il est en effet la porte d’accès au Cœur, à la Conscience et à la reliance à tout ce qui nous entoure, à l’univers.
L’extraordinaire expérience vécue par la neuroanatomiste américaine Jill Bolte Taylor
A 37 ans, elle est victime d’un grave accident vasculaire cérébral (AVC).
Elle perd l’usage de l’hémisphère gauche de son cerveau et seul son hémisphère droit fonctionne. Elle va alors découvrir l’incroyable potentiel de cet hémisphère qui lui ouvre des horizons qu’elle ne soupçonnait pas.
Une grave hémorragie a provoqué un caillot de sang de la taille d’une balle de golf, réduisant à néant le fonctionnement de son hémisphère gauche. Le « silence » engendré dans cet hémisphère lui a permis d’être pleinement réceptive à son hémisphère droit et à la personnalité de celui-ci.
Voici ce qu’elle nous dit à ce sujet : « Mon AVC m’a obligée à me rendre compte que mon hémisphère droit abritait une forme de conscience dont dépendaient ma quiétude, ma joie et mon amour pétri de compassion pour le reste du monde ».
Elle a ainsi fait l’expérience de plusieurs choses qui ont changé sa vie :
- D’appartenir à un tout qui la dépasse, d’une unicité avec tout l’Univers
- Que « nous sommes tous frères et sœurs sur cette planète dans la mesure où nous œuvrons tous à la transformer en un monde où il fera meilleur vivre »(1)
- Que nous sommes la force vitale de l’Univers
- Que tout est énergie, que nous sommes énergie et que tout est relié
- Que nous pouvons faire le choix conscient d’être dans notre cerveau droit quand nous le décidons
Après l’opération de son hémisphère gauche et huit ans de rééducation durant lesquels il lui a fallu réapprendre à parler, à lire et à bouger, elle est entièrement guérie.
Depuis lors, elle multiplie les conférences pour partager son expérience et inviter ses publics à laisser s’exprimer la conscience de leur hémisphère droit.
L’avenir appartient aux « cerveaux droits »
« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don » – Albert Einstein
« Une pensée linéaire et rationnelle marche bien dans un monde certain, dans lequel nous pouvons planifier notre avenir ; mais dans un monde incertain, complexe et en mouvement comme le nôtre, c’est fini. Ce qui fait la différence, désormais, c’est l’audace de s’ouvrir à la nouveauté, à l’imagination, à la capacité à sortir du cadre de ses compétences, avant d’y retourner et d’y appliquer raisonnablement ses nouvelles idées »… grâce à notre hémisphère gauche. » nous explique Luc de Brabandere, auteur de Pensée magique, Pensée logique (Éditions du Pommier, 2008)
Pour ma part, dans ma vision d’une « agriculture de Cœur », j’ai invité les agriculteurs à une relation à la terre en deux temps :
1- « Résonner » (cerveau droit) ⇒ d’abord « sentir » sans chercher à comprendre : Qu’est-ce qui se dégage de ma terre ?
2- « Raisonner » (cerveau gauche) ⇒ puis « analyser » pour se mettre en action : quelles techniques, produits, façons de faire sont adaptés à ma terre ?
Parvenir à un équilibre harmonieux entre nos deux hémisphères, en laissant en quelque sorte notre « cerveau droit » être le guide et notre « cerveau gauche » être à son service.
Dans notre monde où le rationalisme exacerbé domine avec jusqu’à 85 % des personnes qui ont un « cerveau gauche » dominant, faire le choix du « cerveau droit » est une nécessité pour retrouver le chemin de la Nature et de la terre.
N’hésitez pas à me laisser votre avis sur ce sujet !
(1) Voyage au-delà de mon cerveau – Dr Jill Bolte Taylor – J’ai lu Dr Jill Bolte Taylor
Source vidéo : Conférence TED « Voyage au bout du cerveau »